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Locked-in syndrome et jeu d’échecs : outil de communication

Le locked-in syndrome (LIS) ou syndrome d’enfermement isole sa victime du monde extérieur. Alors que la conscience et les fonctions intellectuelles restent intactes, les personnes atteintes ne peuvent ni bouger ni parler. Seuls les paupières et les yeux conservent éventuellement une faculté de mouvement.

La Fondation Perce-Neige a pu confier la sous-traitance technique et pédagogique de l’atelier de jeu d’échecs à l’association le jeu de l’école 64.

Avant tout, la passion, la volonté et l’engagement. 

L’échiquier comme terrain de développement personnnel

Daïane Hornes et Adrien Rodriguez animent deux fois par mois un atelier de deux heures auprès de deux participants : Arnaud et Cyrl.

Ces séances comprennent des appuis pédagogiques, des détails sur certains coups connus, et certaines fois, la présentation de parties historiques, avant que le jeu ne commence.

Accompagner cette typologie de public implique évidemment un temps de compréhension, d’adaptation, d’ajustement aux attentes et aux envies des participants.

C’est donc une véritable cocréation qui est mise en place avec la personne accompagnée et l’équipe pluridiciplinaire, afin d’innover des stratégies de compensation.

Cela a abouti à la phase de développement d’un logiciel, réalisé par Bernard Beville, bénévole très engagé de l’association Idée Association (https://idee-association.org/les-nouveaux-programmes/jeux-educatifs/chess-alis-3/). L’outil est une aide permettant au joueur de communiquer sur un écran ses intentions de déplacement des pièces : cela fonctionne dans ce cas précis avec un matériel de pilotage par mouvements de tête ou de l’œil. Il existe également un mode avec contacteur adapté simulant des clics de souris.

Le caractère social du jeu d’échecs ne doit pas être négligé et, nous nous réjouissons lorsque nous parvenons à faire évoluer nos publics dans cette dimension.

L’intervenant pose des questions à chacun : Est-il à l’aise ? Comment se sent-il ? Comprend-il le contenu de l’atelier ? Puis la séance commence. L’intervenant propose les pièces toujours dans le même ordre, pour ne pas influencer les joueurs dans leur stratégie, puis les cases possibles, indiquées par un oui. Si la figure choisie est une dame ou une tour, il demande « colonne » ou « rangée ».

Toujours est-il que l’intervenant peut déplacer les pièces à la demande des joueurs, qui décident en toute autonomie quel coup ils désirent jouer.

Au fil des séances, nous avons pu constater les progrès des deux protagonistes. Affinant sa stratégie d’une partie à l’autre, retenant les enseignements tirés de séances précédentes, Grégoire est parvenu à de jolis mat en 5.

Quant à Cyril, qui débutait dans ce jeu fascinant, il connaît maintenant les déplacements, le roque, plusieurs stratégies d’ouverture qu’il sait mettre à profit contre un adversaire.

En quoi les échecs peuvent-ils contribuer à aider les personnes porteuses de lourds handicaps ?

On pourrait se dire : c’est bien, ils apprennent à (mieux) jouer, tant mieux pour eux, mais après ? Quel intérêt véritable dans leur situation ?

C’est ici qu’il faut expliquer à quel point ce jeu incroyable est si captivant. Et en particulier pour les personnes en situation de handicap.

En cherchant des solutions pour contrer leur adversaire ou parvenir au mat, Arnaud et Cyril améliorent leurs compétences en analyse et génèrent des pensées co-créatives.

De plus, cette intense réflexion autour d’un échiquier les conduit à se structurer dans l’espace.

Inutile d’insister sur le fait qu’ils n’ont pas physiquement la possibilité de « vivre » l’espace en mobilité.

Comme pour tout un chacun, handicap ou pas handicap, le fait que le cerveau soit sollicité à ses compétences optimales ne peut que repousser des tendances dépressives, en construisant ou améliorant l’estime de soi.

Engager des stratégies complexes, se trouver en capacité de gagner renforce également le sentiment d’autonomie et de satisfaction.

Proposer une partie d’échecs à une personne en situation de handicap lourd comme le locked-in syndrome, c’est partager une aventure, un voyage. C’est lui offrir la possibilité de mener à bien des initiatives, de développer des stratégies et d’interagir comme elle en a si rarement l’occasion. En d’autres termes, le jeu lui permet de réintégrer la société et de se sentir partie prenante d’une citoyenneté dont elle partage les valeurs avec l’ensemble de la population.

Dans le cadre de ce format d’atelier, ce n’est pas seulement le lien social qui est enrichi mais le bien être et la qualité de vie de la personne.