Le jeu d’échecs, outil de socialisation des personnes présentant de troubles du spectre autistique
L’équipe pluridisciplinaire de l’Association IME Alphée Arisse a souhaité impulser un projet dynamique à travers l’univers échiquéen.
Convaincus de l’importance d’une stimulation cognitive, une richesse et une diversité d’ateliers de jeu d’échecs est proposé à un groupe de participants présentant un spectre autistique pour favoriser autant que possible le bien être et développer l’autodétermination et l’autonomie aussi petite soit-elle.
La rencontre prometteuse entre trouble du spectre de l’autisme et jeu d’échecs
La notion de spectre permet de définir des situations extrêmement différentes, mais présentent des troubles communs dans les interactions sociales, dans la communication, dans le comportement et dans l’acquisition des connaissances.
Profonde ou plus légère, cette affection neurodéveloppementale n’est pas impénétrable, bien au contraire.
Dans un cadre structurant, rassurant et bienveillant, la pratique du jeu d’échecs savamment introduite auprès de personnes atteintes de ce type de trouble peut favoriser une ouverture au monde ou améliorer
La pratique du jeu d’échecs en ateliers, une avancée cognitive et communicationnelle
Chaque semaine, un atelier de deux heures animé par l’équipe de l’école 64 et encadré par deux membres de l’équipe pluridiciplinaire plonge dans l’univers échiquéen quatre jeunes de l’étabissement.
En début de chaque séance, l’entraineuse rappelle les objectifs pédagogiques de la semaine précédente, les mouvements des pièces, donne de nouvelles informations : comment roquer, comment sortir d’un échec, l’importance de la dame, ou présente des stratégies éprouvées.
Puis une diversité et une richesse d’ateliers à travers l’univers échiquéen s’enchaînent selon des objectifs pédagogiques, cognitifs, sociaux en adéquation avec des besoins identifés sans toutefois négliger la dimension ludique.
Présentants de troubles différents, nos quatre participants ne fonctionnent pas de la même manière. Si Dorian a plus de difficultés à sociabiliser et préfère jouer sur une plateforme échiquéenne avec ses adversaires, Clément aime interagir et développe des stratégies complexes.
Lors d’une rencontre amicale organisée au sein d’un Impro situé à Paris, il est difficile de décrire la joie de Nicolas a réussi son premier échec et mat, gagnant soudain en confiance en soi alors qu’il s’agit d’un dépassement de soi pour ce public d’avoir l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes à l’extérieur de son établissement.
Quant à Alexis, ses difficultés de communication ont semblé s’atténuer au cours des séances, le faisant gagner en autodétermination, en autonomie et en concentration.
Des progrès dans le bien-être des personnes souffrant d’autisme grâce au jeu d’échecs
De nombreux travaux ont montré que la pratique du jeu d’échecs chez des enfants leur permet d’augmenter sensiblement leur capacité de concentration, de mémorisation et de résolution de problèmes.
Notre association s’est créée autour d’une question toute simple : pourquoi ne pas utiliser cette pratique auprès de personnes en situation de handicap ?
La réponse apportée par nos interventions semble sans appel. Les personnes volontaires pour participer à un atelier de jeu et de pédagogie voient leurs capacités cognitives se développer. Et pas seulement !
Les progrès réalisés par Nicolas, Alexis, Clément et Damien améliorent leur capacité de concentration, mais aussi leur aptitude à planifier, ainsi qu’à développer leur esprit critique, par exemple en réfléchissant sur la stratégie adoptée qui les a conduits au mat.
Ces efforts par le jeu augmentent leur estime de soi, leur fierté à accomplir cette performance, à mener jusqu’à son terme le jeu contre un adversaire, et renforcent leur autodétermation.
La faculté du jeu d’échecs à rendre les interactions sociales plus accessibles, même à des personnes souffrant de troubles du spectre de l’autisme, les conduit à se penser de nouveau comme faisant partie de la société, en endossant ses valeurs et ses enjeux collectifs.
Avec ses ateliers sur le thème des échecs, ce dispositif participe à restaurer une confiance dans l’avenir et à améliorer la qualité de vie de ceux que, trop souvent, les dispositifs ne sont pas adaptés.